P .Depoërs, F.Ledoux, P. Meurin, DE LA LUMIERE A LA GUERISON La phytothérapie entre science et tradition. Collection primum non nocere. Editions Amyris.
Fenouil, Foeniculumvulgare L.
Famille des Apiaceae
Présentation : Cette belle ombellifère bisannuelle, d’origine méditerranéenne, se restreint la première année en un bouton de feuilles remplies et charnues, dont l’utilisation est bien connue de nos cuisinières […]. L’année suivante, en une évanescence lente mais vigoureuse, s’élèvent vers le ciel à la hauteur d’un homme, les tiges striées d’un vert bleuté, pour exploser en ombelles de fleurs jaunes. […]
Historique : Fenouil en grec se disait marathon en souvenir de la bataille du même nom qui se déroula dans un champ de fenouil. Dans la Grèce antique, les athlètes mâchaient du fenouil avant les jeux d’Olympe pour stimuler leur forme physique. Chez les Égyptiens puis chez les Grecs, on favorisait les ardeurs sexuelles en portant une couronne de fenouil.
Pline l’Ancien croyait que les aigles devenant aveugles, retrouvaient la vue en mangeant des graines de fenouil.
Dioscoride préconisait son utilisation comme diurétique chez ceux qui ne pouvaient « pisser que goutte à goutte » et ses vertus sur la sphère urinaire furent utilisées ensuite par Rondelet dans les calculs et Boerhaave dans les néphrites. Au Moyen Age, Hildegarde considéra le fenouil comme une plante douce et chaude donnant le cœur joyeux.
Principes actifs : C’est surtout l’huile essentielle qui confère les vertus thérapeutiques à la plante. Des éthers tels que le trans-anéthol[…], des monoterpènes[…], des cétones […], des huiles grasses […], des coumarines, de la vitamine A et des sels minéraux (silice, potasse) caractérisent la formule.
Médecine populaire : Par ses fonctions carminatives et laxatives, le fenouil est indiqué dans la sphère digestive. Il stimule l’appétit, calme les flatulences et l’aérophagie, les douleurs gastriques et purifie l’haleine. […]
Commentaires : Le fenouil est une plante qui possède des qualités réchauffantes et tonifiantes tout en apaisant par son action musculotrope. Il favorise les sécrétions et les éliminations, et agit sur la sphère hormonale. […]
Utilisations : La racine ou la semence s’utilisent soit en tisane, en décoction, en poudre micronisée, en teinture-mère ou en huile essentielle. A dose élevée, le fenouil peut être toxique en raison de la présence de cétones qui contre-indique son emploi chez l’enfant. Il est également contre-indiqué chez la femme enceinte. […]
P .Depoërs, F.Ledoux, P. Meurin, DE LA LUMIERE A LA GUERISON La phytothérapie entre science et tradition. Collection primum non nocere. Editions Amyris.
Boldo, Arbre du Chili, Peumusboldus Molina, Boldo fragansJuss
Famille des Monimiaceae
Présentation : Originaire du Chili, cet arbrisseau dioïque à feuilles persistantes ne pousse que dans les régions chaudes. Profitant des collines sèches et très ensoleillées du climat méditerranéen, ses feuilles toujours vertes et brillantes, sont pétiolées, opposées, légèrement enroulées sur les bords et d’aspect rugueux au toucher.
Historique : Introduit en France par Bourgoin et Verne qui l’étudièrent en 1874 et la décrirent comme une plante spécifique du tube digestif. Le boldo est aujourd’hui cultivé en Italie et en Afrique du Nord. Reconnu depuis au Chili comme stimulant gastrique, hépatique et général, ses propriétés thérapeutiques sont connues dans le monde entier.
Principes actifs : La feuille et l’écorce sont utilisées en thérapeutique. Sèche, elle possède environ 2% d’huile essentielle composée surtout de monoterpènes […], de camphre et d’ascaridole. […] L’écorce est employée pour l’extraction de la boldine.
Médecine populaire : Traditionnellement utilisée dansla « crise de foie », le boldo stimule la digestion et surtout la sécrétion biliaire. On l’utilise d’ailleurs contre les calculs biliaires, les cholécystites et comme laxatif. […]
Commentaires : Le boldo stimule le tractus digestif en activant la sécrétion salivaire et gastrique d’où son action dans la sécheresse buccale, l’hypoacidité et la dyspepsie (brûles œsophagienne et épigastrique). Les actions cholagogue et cholérétique seraient dues aux principes actifs de la boldine qui doublent la sécrétion biliaire et fluidifie la bile. Ces actions engendrent des propriétés carminatives et combattent certaines constipations. […] Le bodo est utile dans les insomnies des sujets hépatiques.
Utilisations : Rarement utilisé seul, le boldo est très souvent associé au pissenlit, à l’artichaut, au romarin et à la menthe. […] On le prescrit sous forme d’infusion, de poudre micronisée, de nébulisât, d’extrait fluide ou teinture-mère. Le boldo n’est pas toxique, néanmoins à dose élevée d’extrait sec, il a un effet émétisant et diarrhéique. Par contre des doses très élevées de boldine peuvent engendrer des convulsions. Il est contre-indiqué dans les obstructions des voies biliaires et les microlithiases (risques de migration des calculs et de pancréatite). La dose thérapeutique habituelle est de 0,6 à 1,2gr/jour.
P .Depoërs, F.Ledoux, P. Meurin, DE LA LUMIERE A LA GUERISON La phytothérapie entre science et tradition. Collection primum non nocere. Editions Amyris.
Sauge officinale, Salvia officinalis L.
Famille des Lamiaceae
Présentation : Sous-arbrisseau très aromatique aux feuilles persistantes couvertes de poils laineux, la sauge affectionne les terrains calcaires secs et caillouteux du Midi méditerranéen. Les nombreuses tiges quadrangulaires, ligneuses, de 60 à 80cm de haut, portent des larges fleurs, généralement violacées, parfois roses, rarement blanches regroupées en épis. […] Là où la sauge croît, aucune herbe ne pousse.
Historique : La légende raconte que lors de sa fuite en Égypte, la vierge cacha l’enfant Jésus dans des sauges. Connue depuis l’Antiquité, elle doit son nom officina au latin du XIIème siècle qui signifie « atelier » ou « fabrique », et salvia viendrait du latin salvius = « santé, sain et sauf », ou salvare = « sauver ».
A Rome, lors des courses de chars, le vainqueur devait boire une boisson à la sauge, elle servait aussi d’offrande aux dieux dans un but intéressé afin qu’ils accèdent à leurs requêtes. Très utilisée au Moyen Age par les apothicaires pour la confection des remèdes, on l’appelait alors « celle qui sauve », car on la considérait comme une panacée, capable de tirer d’affaires les gens de situations pathologiques extrêmes. […]
Principes actifs : La plante renferme des tanins, des résines et une huile essentielle (0,3 à 1%). Cette huile essentielle est son principe actif majeur. Elle renferme des flavonoïdes, des diterpénols[…], des triterpènes et des acides phénols.[…] Si la plante est distillée fleurie, […] l’huile essentielle de sauge officinale [sera] beaucoup moins toxique du point de vue neurologique.
Médecine populaire : La sauge est avant tout une plante d’action glandulaire. […] elle diminue la sécrétion salivaire et la lactation. […]
Elle stimule la sécrétion biliaire, décongestionne le foie. […]
Commentaires : Très vivace, de croissance facile, avec ses nombreuses tiges ligneuses, la sauge affiche sa forte odeur aromatique et balsamique. […]
Utilisations : Draineuse du tractus digestif, la sauge est complémentaire de plantes comme le pissenlit ou la menthe. Grande plante gynécologique, elle est de préférence prescrite en première partie de cycle hormonale […].
La sauge s’utilise en infusion, en décoction, en teinture, en extrait fluide, en poudre de plante, en vin ou en huile essentielle. Elle est contre-indiquée dans l’hyperfolliculinie, les métrorragies, les cancers du col et du corps utérin, du sein, les mastoses, la grossesse, l’allaitement et chez l’enfant de moins de quinze ans.
P .Depoërs, F.Ledoux, P. Meurin, DE LA LUMIERE A LA GUERISON La phytothérapie entre science et tradition. Collection primum non nocere. Editions Amyris.
Fumeterre, Fumariaofficinalis L.
Famille des Papaveraceae
Présentation : Cette petite herbacée annuelle, mauvaise herbe des champs, pousse sur des sols riches en potasse et en chaud dans toute l’Europe jusque parfois 1700m d’altitude. De sa frêle racine s’éparpillent dans l’air, comme une émanation de fumée, les méandres de ses tiges ramifiées. Ses feuilles vertes cendrées sont alternes et découpées en lobes très fins […]. Les fleurs pourpres fleurissent en petites grappes de mars à septembre. La plante dégage une odeur de fumée et de suie donnant l’origine probable de son nom.
Historique : Les propriétés médicinales de la fumeterre sont connues depuis l’Antiquité. Dioscoride au Ier siècle et Gallien au IIème siècle connaissaient ses vertus thérapeutiques sur la sphère hépato-vésiculaire. […] Les médecins arabes lui attribuaient des effets toniques et vermifuges. […] Dans les campagnes, on l’appelait « l’herbe à la veuve » car son odeur si acre faisait pleurer les yeux les plus secs. Les fumées de fumeterre mélangées à celles du camphre protégeaient des envoûtements.
Principes actifs : L’action principale de la fumeterre est due à la présence d’un alcaloïde : la fumarine, responsable des effets spasmolytiques, narcotiques, amphocholérétiques et hypotoniques. Mais il faut savoir qu’elle inverse son action lors d’une prise d’une dose élevée sur une période prolongée et notamment sur la pression artérielle. […]
Médecine populaire : Son utilisation est surtout intéressante pour drainer la vésicule biliaire paresseuse évitant ainsi des troubles de la digestion et la formation des lithiases. Elle traite les ictères cholestatiques d’où son nom d’« herbe à la jaunisse », les migraines, les nausées et les douleurs abdominales. […]
Commentaires : La fumeterre est l’amphocholérétique de choix (action de drainage du foie), elle régularise les fonctions hépato-vésiculaires par une puissante activité sur le sphincter d’Oddi (« verrou » de la vésicule biliaire). Son action sur le microbisme intestinal se rapporte au drainage du pancréas exocrine. […]
Utilisations : C’est la plante entière et fleurie qui est utilisée en infusion, en suc frais, en extrait fluide, en teinture-mère, en nébulisât ou en poudre micronisée.[…] A doses élevées et prolongées, des effets curarisants peuvent survenir. Son utilisation se fait en cure courte d’une semaine à deux semaines, que l’on peut renouveler tous les mois
P .Depoërs, F.Ledoux, P. Meurin, DE LA LUMIERE A LA GUERISON La phytothérapie entre science et tradition. Collection primum non nocere. Editions Amyris.
Mélilot, Melilotusofficinalis L.
Famille des Fabaceae
Présentation : Très jolie herbacée, bisannuelle, d’allure légère et aérienne se rencontrant le long des chemins secs calcaires et graveleux (il est très fréquent de la trouver dans les vignes ou les vergers provençaux). C’est à son parfum de miel, tout comme l’aspérule odorante, qu’elle doit son nom. Sur sa tige, pouvant parfois atteindre 1m50, s’épanouissent les feuilles trilobées et alternes. […] Ses pétales jaune pâle sont étalés sur une ou deux rangées […]. Le petit trèfle jaune (autre synonyme) possède de petites gousses akènes ovoïdes jaune paille, à une seule graine en général.
Historique : Déjà, Hippocrate et Théophraste évoquaient le mélilot, et les anciens l’utilisaient pour calmer les débordements d’humeur dans l’ivresse. Matthiole cite qu’il était employé dans les eaux de senteur en Italie. Sa décoction servait à calmer les conjonctivites et les ulcérations des paupières. Au Moyen Age, cuit dans du vin, il confortait la digestion. Plus tard, à partir d’un lot avarié, l’Américain Linky découvrit le dicoumarol et ses propriétés anticoagulantes. Elle plaît aux chevaux ce qui lui valut le nom d’herbe à cheval. En Moldavie et en Alsace, le mélilot était utilisé pour éloigner les teignes dans les pelleteries (commerce des fourrures).
Principes actifs : La plante fleurie séchée représente la drogue. Le mélilot, l’aspérule odorante et la mélitte appartiennent au groupe des plantes à coumarine dont l’action anticoagulante n’est plus à démontrer. C’est ce principe actif qui est responsable de l’odeur suave de la plante lors de la fauche des foins, analogue à celle du miel. Le mélilot doit comporter un minimum de 0,1% decoumarines pour être actif. […]
Il existe parfois une contamination fongique du mélilot des champs (autre nom vernaculaire), qui est capable de produire du dicoumarol (modèle thérapeutique des anticoagulants de synthèse), ceux-ci pouvant intoxiquer les troupeaux. Néanmoins ces champignons disparaissent sur la plante séchée.
Médecine populaire : Le mélilot est un sédatif, hypnotique léger et antispasmodique dont l’utilisation est bénéfique dans l’insomnie de l’enfant et du vieillard, et chez les personnes nerveuses et angoissées.
Commentaires : Au travers de l’activité anticoagulante et sympatholytique, le mélilot agit sur les congestions sanguines passives et actives. Il joue un rôle déterminant dans la dynamique du sang et l’irrigation des tissus périphériques. D’autre part, la qualité de la paroi veino-lymphatique est renforcée par les substances flavonoïdes.
Utilisations : A l’état sec ou frais,la sommité fleurie s’utilise en infusion, nébulisât, poudre micronisée, en suspension intégrales de plantes fraîches ou teinture-mère […].
Il faut l’utiliser avec prudence lors des règles hémorragiques (voire suspendre la prise pendant quelques jours avant les menstruations) et quand il existe une hypocoagulabilité sanguine. De rares cas de céphalées ont été décrits. Il n’existe aucune contre-indication.
P .Depoërs, F.Ledoux, P. Meurin, DE LA LUMIERE A LA GUERISON La phytothérapie entre science et tradition. Collection primum non nocere. Editions Amyris.
Lotiercorniculé, Lotus corniculatus L.
Famille des Fabaceae
Présentation : Connu sous le nom de trèfle cornu, le lotier corniculé est une plante vivace. […] Les fleurs jaune orange, parfois légèrement pourpres, éclosent de mai à août.
Historique : Le lotier corniculé est surtout réputé pour son utilisation comme plante fourragère. H. Leclercq fut le premier à reconnaitre son intérêt thérapeutique, lorsqu’une de ses patientes agricultrices se trompa de plante pour soigner sa conjonctivite, Leclercq lui ayant conseillé des compresses de mélilot. Elle remplaça sans le savoir le mélilot par le lotier qu’elle prit en infusion plutôt qu’en compresses. Le résultat sur les yeux fut nul, mais par contre sa patiente guérit d’anciens troubles nerveux qui lui occasionnaient des insomnies. Les résultats furent confirmés sur d’autres patientes.
Principes actifs : Cette simple est riche en flavonoïdes. Elle contient des substances cyanogénétiques (acide cyanhydrique dans les fleurs) que l’on retrouve dans la passiflore qui pourrait correspondre, par similitude d’action, à son pouvoir thérapeutique. Il existe un principe sulfuré dont les qualités sont sédatives.
Médecine populaire : Utilisé essentiellement dans les déséquilibres du système neurovégétatif, il est anxiolytique et antidépresseur, il calme l’éréthisme cardiaque et favorise le sommeil. […] C’est une excellente plante de la ménopause et de la spasmophilie. Localement, le lotier était utilisé comme émollient sur les ulcérations.
Commentaires : Antispasmodique et sédatif central, les propriétés du lotier se manifestent par une inhibition du système nerveux orthosympathique et une régulation du parasympathique. […]
Utilisations : La plante entière est utilisée seule ou en association avec la ballote, la passiflore, le millepertuis ou la lavande. Généralement, la prescription se fait sous forme de tisane, de teinture-mère ou de poudre micronisée. Le lotier ne présente pas de toxicité ni d’accoutumance.